Ce printemps j'ai fait le pari de ne plus acheter de légumes verts mais de les cueillir.

et j'ai attiré l'attention de la rédaction du magazine "Plantes et santé" qui m'a proposée d'écrire un billet d'humeur sur mon expérience.

Voici donc l'article que j'ai écrit pour "Plantes et santé" de septembre 2016. (wahou !!!)

Bilan du défi "je n'achète plus, je cueille"

 

J'ai toujours cru qu'en cas de disette, j'aurai de quoi me nourrir grâce à mes connaissances en botanique et en cuisine sauvage. Mais une théorie non appliquée, reste une hypothèse. J'ai donc décidé ce printemps de passer à l'action en me lançant un défi : je n'achète plus de légumes verts, je les cueille dans la nature ! Et ce jusqu'aux prochaines neiges !

 

J'entends par légumes verts, tous les légumes feuilles comme les salades, épinard, persil, etc. Pourquoi ce choix ? Parce que c'est ce que la nature offre en plus grande quantité dans ma région. Je ne vise pas l'autonomie, je souhaite juste, sans trop modifier mon régime alimentaire quasi végétarien, consommer le maximum de plantes sauvages et voir l'impact sur mon quotidien.

 

Concrètement tous les jours quand je le peux (j'avoue qu’avec 10 cm de neige au 1er mai, j'ai apprécié le confort d'avoir à disponibilité quelques légumes du marché) sinon tous les trois jours, je pars avec mon panier dans les chemins environnants. Je ne suis pas novice en cueillette sauvage et je connais très bien le territoire que j'habite. Cela me permet de cueillir comme on fait ses courses, avec une liste en tête. Généralement en une heure de promenade je cueille les plantes (ortie, ægopode, stellaire, berce…) pour une consommation pour deux adultes sur deux ou trois jours. C'est finalement moins de temps que de prendre la voiture pour faire les courses. Contrairement à ce que je pensais, cueillir est moins chronophage qu'acheter.

 

Au niveau économique, je consomme non seulement moins de carburant mais mon budget alimentation a été réduit d'un tiers. En fréquentant moins les magasins je suis forcément moins tentée d'acheter du superflu (comme le chocolat !)… La cueillette a pour conséquence d'avoir une consommation plus sobre d'une façon générale.

 

Peut-être vous dites-vous que la variété n’est pas toujours au rendez-vous de mes menus ? C’est faux ! Je ne mange pas toujours la même chose. Bien au contraire plus de cinquante espèces  composent les salades, toutes différentes et d'une grande variété. De plus certaines plantes ne sont consommables que sur une courte période. Par exemple, les feuilles de tilleul, délicieuses en salade quand elles apparaissent tout juste sur l’arbre, ne sont mangeables que quelques jours par an. Pas le temps de s'en lasser !

 

Rassurez-vous, je ne mange pas que des salades. Certaines plantes remplacent les légumes. La myrrhe odorante que l'on mange comme le fenouil ; les chénopodes et la renouée bistorte font de bons épinards ; les jeunes inflorescences de berce se consomment comme le chou-fleur… et une infusion à base d'ortie, d'achillée et de fruit de berce en guise de thé apporte tonus et vitalité ! Les plantes sauvages ont vraiment boosté ma créativité culinaire. Je  revisite et invente des recettes et je me plais à consommer certaines plantes méprisées jusqu'à présent.

 

Enfin, je lutte contre les a priori. Car je réalise au cours de ces derniers mois à quel point certaines peurs sont profondément ancrées dans notre inconscient collectif. Y compris chez moi, pourtant cueilleuse régulière depuis plus de vingt ans… l’endroit de cueillette est-il assez propre ? Y a-t-il des risques de douve, ici ? Puis-je manger la consoude aussi fréquemment Mais c’est ainsi qu’au quotidien je resserre mon lien à la nature, le tisse avec plus d’intensité… et me ressource.

 

Retour à l'accueil